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1971
1980
1981
2011
Arrière
Catégorie
RituelsTAG
OÙ
Schignano (CO), Lombardia - Italie
Le parcours traditionnel du cortège traverse tous les hameaux: Occagno, Retegno, Ovrascio, Perla.
QUAND
Carnaval romain
Carnaval de Schignano
Le carnaval de Schignano, une petite ville plongée dans la vallée Intelvi, se déroule le samedi et le mardi précédant le Carême et met en scène l'opposition entre le Beau et le Laid, grâce à de superbes masques en bois, réalisés par les sculpteurs locaux. Les beaux dits les mascarùn aux habits richement décorés de rubans et de bijoux, affichent toute leur richesse, sont élégants et courtois. Les laids, aux visages difformes et effrayants, portent des haillons, des colliers de haricots, des peaux d'animaux et des cloches bruyantes.
Les beaux se préparent chez eux, aidés par les femmes: ils portent des pantalons épais en coton, aux motifs variés, un gilet, autrefois bourré avec des feuilles de hêtre, aujourd'hui en mousse, décoré de festons, dentelles, chaînettes et objets précieux. Sur leurs épaules, certains portent un mouchoir ou un petit châle, aux avant-bras en manches courtes en laine aux rayures colorées, décorés eux-aussi par des pompons en laine colorée. Autour de leur taille, quatre clochettes en bronze sont accrochées, dissimulées sous un volant de dentelle. Leur visage est caché sous un masque en bois et ils portent sur leur tête un chapeau décoré de fleurs, dentelles, festons, poupées ou animaux en peluche. Derrière le chapeau, une longue queue décorée de rubans multicolores descend le long du dos. Les beaux portent des gants et de "beaux" objetsune ombrelle, un miroir, un éventail, une petite statue… Une fois dans la rue, ils se réunissent en petits groupes, leur arrivée ayant été annoncée par le son de leurs clochettesils s'approchent alors des personnes qu'ils rencontrent sur leur chemin et, tout en gardant les bras à demi levés, ils bougent leur bassin pour faire résonner les clochettes en montrant avec des gestes importants, les objets qu'ils tiennent dans la main droite. Le beau est le seigneur, à la fois courtois et élégant et faisant étalage de sa propre richesse. Le beau est accompagné d'un autre personnage, la Ciòcia, un masque représentant la femme du mascarùn, qu'il tient accrochée à une corde, habillée de vêtements de femme démodés, le visage peint en noir et tenant dans les mains les instruments de filature (quenouille et fuseau).
Les masques des laids dits les brüt- sont exactement à l'opposé des masques des beaux. Les laids ne s'habillent pas chez eux mais aux abords de la ville, en groupe en s'aidant entre euxils portent de vielles combinaisons de travail, des vieux vêtements effilochés. Aux pieds, de vieilles chaussettes en laine et des chaussures déformées, parfois recouvertes de sac en toile de jute. Le tout est complété par des haillons, des morceaux d'étoffe, des peaux de mouton ou de lapin. Sur leur tête, ils posent des chapeaux déformés, autour du cou, des colliers de haricots et des cloches grossières en fer blanc ainsi que d'autres objets répugnants. Certains portent sur leurs épaules un raban de ferlage tandis que d'autres traînent une vieille valise. Ils se déplacent lentement, ou courent de façon désordonnée pour s'arrêter subitement et s'appuyer contre un mur ou bien se jeter à terre comme morts, pour ensuite se relever soudainement et reprendre leur course. Certains ignorent le public, d'autres sont plus agressifs, agitent leurs peaux, s'approchent et caressent les spectateurs avec des chiffons sales et mouillés ou autres objets.
Le mardi, à l'aube, un petit groupe parcourt les rues pour annoncer l'ouverture du carnaval. Dans la matinée, les personnages masqués défilent dans les rues de la ville, seuls ou en petits groupes. Vers deux heures de l'après-midi, ils se regroupent tous place San Giovanni pour y attendre le départ du cortège. Là deux personnages font leur apparition- les Sapör- dont le rôle est d'ouvrir le cortège et de le précéder. Portant sur leur tête un haut bonnet en peau de mouton, ils revêtent une longue veste elle aussi en peau de mouton, leur visage, sali de noir, caché sous une longue barbe et de longues moustaches en étoupe. Leurs jambes sont couvertes par des guêtres en toile. Semblables à des soldats, ils marchent en se tenant bien droit, sans jamais se retourner. Marchant entre les deux Sapör en tête de cortège, un personnage se charge de la sécurité, habillé d'un chapeau militaire, d'une cape et d'un ruban portant l'inscription "sigürtà" (sécurité). Derrière lui, la fanfare - la fughéta accompagne le cortège aux sons de sa musique.
Aux côtés des masques et des personnages imposés par la tradition, de nombreux autres déguisements font leur apparition, personnes seules ou en groupe, fruits de la fantaisie individuelle mais également inspirés de faits d'actualité ou de faits divers.
Le cortège atteint ensuite les hameaux voisins. A chaque arrêt, la fanfare joue les airs des danses auxquelles participent les personnages masqués. A chaque fois, la sigürtà doit réorganiser le départ et le cortège se remet en marche dans l'ordre voulu par la tradition. Au crépuscule, retour sur la place San Giovanni pour y attendre l'arrivée du Carlisèp, un pantin personnifiant le carnaval. Revêtu d'une combinaison bleue d'où dépasse la paille qui le bourre, voire même des yeux du masque noir qui sert de visage, le pantin reste sur la place pendant plusieurs jours. Son apparition sur un traîneau tiré par un groupe de jeunes, fait réagir les masques. Le pantin, comme par magie, se transforme en masque vivant qui s'enfuit dans les rues de la ville pour échapper au bûcher marquant la fin du carnaval. Le masque réanimé, prend ses jambes à son cou pour être ensuite capturé deux, trois fois. Les beaux se penchent sur le pantin, essuient son visage, en pleurant et en affichant toute leur douleur. Face à la mort du carnaval, la Ciòcia exulte avec les brüt. Certains essaient de réanimer le Carlisèp et parfois la Ciòcia entonne une espèce de plainte funèbre. Puis la mort est déclarée et le pantin est transporté par le cortège dans la salle où se déroule le bal du soir. Entretemps, toujours sur la place San Giovanni, on prépare le bûcher où vers minuit, sera brûlé le pantin du Carlisèp, un bûcher dont les flammes marquent la fin de la mise en scène et la fin du carnaval.
APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION
La participation de toute la communauté, et surtout des jeunes, permet de conserver et de transmettre la tradition. La mascarade se déroule selon des modalités restées intactes au fil des ans, tandis que d'autres aspects peuvent changer comme l'itinéraire du cortège et la représentation finale de la mort du Carlisèp. Les jeunes définissent les détails de la mise en scène et la durée de la fuite du pantin.
COMMUNAUTÉ
Une grande partie de la communauté participe au cortège. Les enfants eux aussi se déguisent et peuvent ainsi jouer les rôles fondamentaux du beau et du laid. Ils portent des masques, en bois, réalisés par des artisans locaux, mais de plus petite taille adaptés à leur visage. Nous pouvons ainsi dire que toute la ville participe au rituel: ceux qui ne se déguisent pas, se retrouvent de toute façon sur la place San Giovanni pour suivre le cortège. Les jeunes participent en grand nombre à l'évènement, en organisant la mise en scène du Carlisèp, et c'est au groupe des jeunes fêtant cette année leur dix huit ans, que revient la tâche de gérer l'évènement, le Carlisèp étant interprété par l'un d'entre eux. La Pro Loco (Office du tourisme) de Schignano soutient, encourage et organise les journées du carnaval et de la soirée dansante du mardi. La fanfare des musiciens de Schignano participe au cortège.
ACTIONS DE MISE EN VALEUR
Le carnaval de Schignano attire de nombreux touristes et l'office du tourisme organise de nombreuses initiatives pour valoriser et divulguer l'évènement. Informations et approfondissement sont également publiés sur de nombreux sites internet de la province et de la vallée.
MESURES DE SAUVEGARDE
Le carnaval de Schignano fait partie du R.E.I.L. (Registre des héritages culturels immatériels de la Lombardie), un projet pour la valorisation, la protection et la divulgation des biens culturels immatériels, des connaissances traditionnelles et des pratiques rituelles de la Lombardie.
Biens immatériels associés
Sculpteurs de masques en bois à Schignano
Pour en savoir davantage
Bibliographie
Como e il suo territorio - Il carnevale di Schignano e le sue maschere
Silvana 1978
Il carnevale di Schignano in Val d'Intelvi
Bellavite 2002
Biens matériels
Collections de masques en bois réalisés par des artisans locaux
Fiche réalisée par
Regione Lombardia - Archivio di Etnografia e Storia Sociale - Agostina Lavagnino
Date de publication
27-NOV-2014 (Agostina Lavagnino)
Dernière mise à jour
18-SET-2015
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